La vieillesse - Nuit

Très chers amis et amies :

J’ai l’immense plaisir de vous faire parvenir cette autre gravure de l’artiste Hieronymus Wierix qui fait partie des trois autres qui composent « Les quatre âges de l’homme ». À cette occasion nous nous référons à…

…LA VIEILLESSE – NUIT

La vieillesse - Nuit / Hieronymus Wierix

Certes, compagnons/gnes, notre vie est comparable aux heures de la journée : lorsque le jour se lève nous pourrions dire que nous sommes dans notre enfance ; lorsque nous sommes à midi ─ zénith ─ nous pourrions affirmer que nous avons atteint la jeunesse ; lorsque l’après-midi commence, nous pouvons comparer ce phénomène à l’âge adulte, à notre maturité, et lorsque la nuit arrive, nous entrons donc dans notre vieillesse.

C’est de cela que parle notre artiste, dans cette belle gravure où le char de notre vie commence à se briser ou à se détruire. Il est possible qu’à l’arrière de celui-ci nous puissions contempler une vielle femme qui coupe, avec des ciseaux, un fil qui se connecte à une autre femme qui travaille avec une troisième. Au fond, cela explique que lorsque nos valeurs Bobbin Kandelnosts sont épuisées, les Anges de la Mort coupent le cordon d’argent qui relie notre corps physique au corps astral. Cette vieille femme, ainsi que les deux autres, sont les parques elles-mêmes ─ c’est pourquoi ce mot est écrit au pluriel : Parcae de l’époque gréco-romaine, qui marquent la fin de notre existence. Ce qui est intéressant ici, c’est cette autre femme ─ une autre parque qui fait office de fileuse, car il est connu de tous, ésotériquement parlant, que la mort et la vie sont liées : nous mourons pour renaître et nous naissons pour ensuite mourir.

Un ange joue de la trompette au fond du char pour annoncer qu’un cycle s’est terminé. Au-dessus de lui apparaît le mot Fama pour nous indiquer que tout est fini, tandis qu’un hibou le contemple. Le hibou, en occultisme, est toujours présent pour nous signaler à la fois le rappel de nous-mêmes et la fin de notre voyage car c’est un oiseau nocturne.

Il y a deux personnages habillés comme des moines, le visage couvert d’une capuche pour cacher leurs visages, l’un à droite du char et l’autre à gauche. Chacun d’eux porte, en guise de bannière, un emblème ou dessin qui symbolise le plan de la vie de chaque être humain.

Il convient de noter qu’il y a six flammes dans l’image : deux qui sont portées par les moines de chaque côté du char, deux de chaque côté du cercueil et deux autres derrière celui-ci sur le char. C’est le mystère de l’arcane 6 du tarot. Dans ce cas, on nous avertit que la mort apparaît quand nous nous y attendons le moins.

Sur l’un des bœufs, nous voyons Saturne avec sa faucille. Rappelons-nous que Saturne symbolise le temps, et c’est la raison pour laquelle nous voyons sur sa tête le mot latin Tempvs.Il est très illustratif de voir que, sur la tête d’un des bœufs qui tirent le char, on peut voir un sablier. Ce sablier marque le début et la fin de tout. Il y a un temps pour tout. Souvenons-nous de la phrase latine Tempvs irreparabilis fugit, ‘le temps passe irrémédiablement’.

Je vous inscris finalement la phrase latine qui est écrite en bas de la gravure :

«Noctis ut in medio curas et corpora soluit, prostratis terrae membris vis languida somni: Sic mor cuncta vorat, relegunt exordia lapsu. Sic Parcae, sic tempus edax, sic cana vetustas».

Traduction : ‘Comme au milieu de la nuit la force langoureuse du sommeil dissout les soucis et les corps aux membres abattus sur le sol, ainsi la mort dévore toutes choses, ainsi les parques, ainsi le temps vorace, ainsi la vieillesse grisonnante rejette les exordes’.

À côté de Saturne, sur l’autre bœuf, nous pouvons percevoir une figure squelettique. Cette figure nous fait remarquer que tout est réduit à rien. Au-dessus de cette figure squelettique apparaît un mot en latin qui nous dit : Fatum,qui doit être interprété comme ‘le destin’.Sans aucun doute, chacun de nous a son destin tracé par les Seigneurs de la Grande Loi, et tôt ou tard ce destin nous atteint avec ses fléchettes ou flèches symboliques.

C’est ainsi qu’avance le char de la mort physique, chers lecteurs. Il ne respecte rien ni personne, et c’est pourquoi nous voyons des gens écrasés par le char, ou des cadavres gisant de gens qui sont morts ─ hommes, femmes, etc., etc., etc.─. Même des animaux comme le cheval mort près des cadavres.

Un vieil homme marche à l’avant. Ce vieil homme représente un Maître de Sagesse qui montre la crue réalité des faits et que tout se réduit à des vanités : Vanitas vanitatum et omnia vanitas, ‘vanité des vanités, tout est vanité’.

Je vous inscris finalement quelques phrases pour votre réflexion :

« Il y a des morts qui, plus leur cercueil descend, plus ils montent ».
Manuel del Cabral

« Une mort honorable vaut mieux qu’une vie déshonorante ».
Tacite

« La mort est l’écumoire qui nous rend tous égaux ».
Pedro de Guzmán

« Seule la mort confesse combien le corps de l’homme est faible ».
Juvenal

« Comment quelqu’un, qui dès sa naissance voit qu’il traverse la vie en courant et porte la mort avec lui, peut-il mourir soudain ? ».
Antonio Machado

MORS CERTA, HORA INCERTA.
─ ‘La mort est certaine, mais l’heure de la mort est incertaine’ ─.

KWEN KHAN KHU

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